Archives départementales d'Eure-et-Loir

Chapitre 5 : Janvier 1942 - Mai 1944 : la guerre totale

Le régime de Vichy : document 5.2

  • Document 5.2 :
    Affiche de propagande relative à la journée des mères, 30 mai 1943, Arch. dép. Eure-et-Loir, 1 W 1562 
  • Thème : Le régime de Vichy
  • Place dans l’ouvrage : p. 51
  • Commentaire :
    Cette œuvre fait partie d’un ensemble d’affiches réalisées entre 1940 et 1944 par Phili pour le Commissariat général à la famille ou le Secrétariat d’État à la famille et à la santé comme « Donner la vie… engendrer la joie », « La famille, fruit du passé, germe de l’avenir », « Toi qui veux rebâtir la France, donne-lui d’abord des enfants »…
    Phili ou Phil sont les pseudonymes de Pierre Philippe Amédée Grach (1898-1987), illustrateur et graphiste. Avant la guerre, il travaille pour Le Petit écho de la mode, périodique féminin, ou encore pour la Collection Stella, collection de romans populaires pour dames. Sous l’occupation, il devient le principal graphiste de la propagande familiale de Vichy. À la Libération, il dessine pour le compte du GPRF, Gouvernement Provisoire de la République Française.
    La composition de l’œuvre est bien lisible, la porte marquant une verticale séparant l’affiche en deux parts égales. L’horizontale, à la perpendiculaire de la porte, délimite l’espace réservé au texte. Dans le tiers gauche, derrière la porte, trois enfants se cachent, des fleurs et des cadeaux à la main. Dans le tiers droit, une femme berce un nourrisson au-dessus d’un berceau.
    Le graphisme est simple, tranchant nettement avec la modernité. La police de caractère est elle-même d’une grande sobriété.
    L’affiche a pour but premier de rappeler « la journée des mères », instituée officiellement en 1941, et la date retenue. Il n’y a pas de slogan, mais le message est explicite : le bonheur est avant tout familial ! Une famille est nécessairement nombreuse ! Une femme se réalise dans la maternité, comme en témoigne le rayonnement qui émane de cette jeune mère et qui irradie tout ce qui l’entoure. Le lien avec la devise de l’État français, « Travail, Famille, Patrie », est évident.  
    Cette représentation de la famille idéale est en profond décalage avec la réalité de l’occupation du territoire par les Allemands : ces enfants joufflus, bien nourris et bien habillés, ne connaissent visiblement pas le rationnement et la pénurie. Seule concession au monde réel, l’absence du père. Quel impact une telle propagande pouvait-elle avoir sur les Français et les Françaises ? Comment était-elle accueillie ?
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