Arch. dép. Eure-et-Loir, 20 W 156.

Les événements que connut la ville de Digny sont particulièrement représentatifs de l’état d’anarchie qui régnait dans les campagnes françaises suite à la débâcle de mai 1940 et jettent une lumière troublante sur les agissements des soldats français et belges qui, privés de tout commandement et d’instructions précises, purent commettre des actes dommageables aux populations qu’ils étaient pourtant censés défendre. Comme bien d’autres petites communes d’Eure-et-Loir, Digny vit passer dès le mois de juin les cohortes de réfugiés de l’exode et s’organisa pour leur porter assistance avant de se dépeupler elle-même sous le double effet de l’exemple des réfugiés venus du Nord et des bombardements qui touchèrent la ville les 13 et 14 juin. A partir de là, le village bascule dans le chaos : un petit groupe de soldats français du 97^e régiment d’infanterie, en provenance de Châteauneuf-en-Thymerais où ils avaient participé aux combats du 16 juin, s’installe et prend l’initiative de bloquer complètement la ville en érigeant des barricades à toutes les issues à l’aide de matériel agricole et participe aux pillages de commerces et aux dégradations de maisons particulières de concert avec les quelques habitants et fugitifs de l’exode encore en place. Les barricades n’empêchent pas les Allemands d’entrer dans la ville quelques jours après et d’y rétablir l’ordre sur demande du maire (plus d’une semaine après), en menaçant de peine de mort tout acte de pillage. Il est intéressant de constater ici la totale convergence entre le témoignage du maire de Digny et celui de l’officier allemand Döpping. Sans jamais saluer la présence allemande, force est au maire de constater qu’elle a permis de rétablir l’ordre dans sa commune et de déplorer l’attitude des soldats français.

Vitrine 4