Archives départementales d'Eure-et-Loir

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FR AD 28 / H 500
Parchemin, 48 x 60 cm environ
Taille du document : 973 x 712 pixels / 170 ko

 

Les souscriptions

A l'époque carolingienne, les sceaux sont réservés aux actes royaux.

Pour voir un exemple de sceau royal.

Dans le cas présent, la validation de l'acte repose sur une série de souscriptions, suivie d'une liste de témoins.

Les souscripteurs sont au nombre de quatre.

 

Le comte Eudes

La souscription du comte Eudes, fils aîné de la comtesse, comte de Blois et de Chartres, mort en 995, se limite aux deux mots "Odo comes" (Eudes comte) suivis d'une croix, sans doute tracée de la main même du comte.

 

L'Évêque Eudes

A la suite, se lit la souscription d'un autre Eudes, Évêque de Chartres de 966 à 1005,
"Odo Karnotensis ep[iscopu]s S[ubscripsi]", ce qui se traduit par "moi Eudes, évêque de Chartres, j'ai souscrit". Cette souscription est précédée d'un chrisme, c'est-à-dire des lettres grecques 'X' (en latin, 'CH') et 'P' (en latin, 'R') entrelacées, qui constituent le monogramme du Christ.

Pour voir un exemple de monogramme royal.

On peut observer que le mot "episcopus" ("évêque") est fortement abrégé, et que le verbe final "subscripsi" est réduit à son seul 'S' initial.

 

Hugues, archevêque de Bourges

À la ligne inférieure, se trouve la souscription du fils cadet de la comtesse, Hugues, archevêque de Bourges de 969 à 985 : "Hugo sancte Biturigensis archiep[iscopu]s", c'est-à-dire "Hugues, archevêque de la sainte [église de] Bourges" précédée là encore d'un chrisme, et où le mot "ecclesie" ("église") est manifestement omis.

La maladresse évidente de cette phrase laisse supposer que la souscription de l'archevêque Hugues est autographe, ce qui permet de constater qu'un archevêque n'avait pas forcément à l'époque une pratique courante de l'écriture.

N'en déduisons cependant pas trop vite que l'archevêque Hugues était inculte ou illettré, mais simplement qu'il laissait habituellement le geste d'écrire à des professionnels.


La comtesse Emma

Enfin, la souscription de la fille de la comtesse, Emma, écrite en plus petits caractères et en partie effacée, peut se lire ainsi : "Emma conjux Guilelmi comitis filia comitissa Letgardis manu propria firmavit", c'est-à-dire "Emma, épouse du comte Guillaume, fille de la comtesse Liégeard, a confirmé de sa propre main".

Cette phrase, précédée non d'un chrisme, mais d'une simple croix, est entièrement écrite en caractères majuscules. Elle comporte une faute, puisque la forme attendue du mot "comitissa" ("la comtesse") serait le génitif "comitisse".

Ces deux observations semblent dénoter une pratique hésitante de l'écriture et de la langue latine. Si l'on y ajoute la présence de la précision "manu propria" ("de sa propre main"), cela signifie-t-il que la ligne ait été tracée par Emma elle-même ?

C'est possible, mais nullement certain. Compte tenu des usages de l'époque, l'expression "manu propria" peut aussi signifier que, lors de la cérémonie, Emma a touché le parchemin de sa main en signe d'approbation, puis a laissé le soin à un secrétaire de noter son geste.

En outre, si Emma avait elle-même écrit cette ligne, elle aurait sans doute utilisé la première personne du verbe, "firmavi", et non la troisième personne, "firmavit".

Emma était l'épouse de Guillaume IV, dit Fier-à-Bras (ou Bras-de-Fer), comte de Poitiers et duc d'Aquitaine de 963 à 990. On lui doit la fondation de l'abbaye de Bourgueil, aux confins de l'Anjou et de la Touraine (aujourd'hui en Indre-et-Loire), et pour partie celle de l'abbaye de Maillezais, en Vendée.

 

La liste des témoins

Le mauvais état de cette partie du document rend partiellement illisible la liste des témoins, au nombre de quinze, et dont les noms sont soigneusement alignés sur trois colonnes.

 

La confirmation de la donation

Pour être valable, la donation faite par la comtesse Liégeard devait être confirmée par ses deux fils, le comte Eudes et l'archevêque Hugues.

Le texte de cette confirmation a été ajoutée au bas du document initial, à la suite de la souscription et de la liste des témoins.

 

La date

La date, présentée selon l'usage romain, occupe la dernière ligne : le document a été rédigé le jour des nones du mois de février, la vingt-quatrième année du règne de Lothaire, c'est-à-dire le 9 février 978.

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